Index

Antoine MAUREL

Esquisse biographique par Henri Philippe Louis MAUREL
au 13 juillet 2014

 

- les notes [x] sont reportées en fin de page. 
- les documents sont indexés dans des pages annexes. Pour y accéder, cliquer
sur les petits boutons placés dans le texte

N° Sosa:     32
Subrécargue, Capitaine de navire de commerce, Chirurgien, Négociant

Né le 18 juin 1763 à Vence, (Département des Alpes Maritimes, anciennement Département du Var) [1]

Décédé le 09 janvier 1830 à Mahé, Seychelles [2]

Premier mariage civil célébré le 27 juin 1798 à Mahé, avec Marie Hélène SAVY . Selon les termes de cet acte, on peut comprendre qu'il s'agit, en fait, d'une promesse de mariage. En effet les "épousailles" d’Antoine et Marie Hélène furent célébrées civilement à Mahé le 3 avril 1802 [3] et religieusement le même jour [4]

Neuvième enfant de Jacques et Catherine SUE [5], Antoine n’eut pas, comme ses deux frères aînés, François et Jean Honoré, le privilège de prendre la succession de la boulangerie de leur père. Celle-ci se trouvait intra-muro à proximité de la Porte de St Paul (Anciennement Porte de Sinadour) Voir emplacement (non contractuel) de la boulangerie de Jacques Maurel tiré de la carte interactive de Vence intra-muro [6]

 Tous frères et soeurs d'Antoine Maurel restèrent dans leur ville natale, mais ce dernier avait la bougeotte. Il préféra partir vers les îles de l'Océan Indien. Nous le retrouvons trente cinq ans plus tard aux Seychelles.

Divers documents de Maurice et surtout des Seychelles, nous indiquent que Antoine Maurel était négociant à Maurice, puis Subrécargue, enfin Chirurgien. C'est d'ailleurs cette profession qui est indiquée sur son 2e acte de mariage et de Décès.

Il faut rappeler que la chirurgie était à l'époque une pratique "confidentielle", exercée par des Maîtres chirurgiens. Si les premières trépanations eurent lieu dès la préhistoire, il faudra attendre les années 1730 pour voir en France la création de l'Académie Royale de Chirurgie, qui enseignait les quelques techniques connues les plus répandues: Cures des occlusions intestinales, la réduction de fractures, la pratique des amputations, et des ablations dentaires, la suture des plaies. Toutes ces techniques étaient faites sans anesthésie dont la découverte n'eut lieu qu'en 1846. Questionné, un  médecin nous éclaira sur la pratique de cette profession à l'époque, avec des détails souvent atroces, les conditions dans lesquelles leurs "interventions" avaient lieu. Elles étaient expéditives et souvent mutilatrices. Les amputations, entre autres, étaient effectuées naturellement sans anesthésie, et sans grand soucis d'antisepsie. Tout au plus le patient était-il préparé et préalablement enivré avec quelque mauvais arrack. Les plus chanceux perdaient vite connaissance, mais hurlaient malgré leur profond sommeil. Les opérations dégénéraient le plus souvent en cangrène, et la mort de " l'opéré " dans des douleurs atroces. Les plus résistants se remettaient après une très longue convalescence, mais portaient à jamais d'horribles cicatrices. C'était l'antichambre de l'enfer.

Il faut se rappeler que les oncles maternels d’Antoine Maurel, les Sue, étaient Chirurgiens. L'un professait à Paris, l'autre à Nantes. Pourquoi ne pas avancer que l'un d'eux accueillit Antoine, sur recommandation de ses parents, Jacques Maurel et Catherine Sue. Antoine le neuvième enfant, n'aurait pas eu les mêmes "facilités" que ses frères aînés, et aurait été envoyé soit à Paris soit à Nantes pour étudier avec l'un de ses oncles la "pratique" de la chirurgie. Nous pensons que Nantes fut la ville, le port, où Antoine apprit ce métier. Nantes, grand port Français de la côte Atlantique, d'où partaient de nombreux navires vers les îles...

Monsieur Ricquebourg, dans son fabuleux ouvrage sur la généalogie des familles de l'île Bourbon affirme, d'après les renseignements communiqués par Noël Regnard Curepipe, Ile Maurice, qu’Antoine Maurel était "Officier de santé". Ce qui nous laisse supposer qu’Antoine était très certainement chirurgien à bord d'un navire d'état ou de commerce. Malheureusement aucun document officiel ne nous permet, aujourd'hui, d'étayer nos suppositions.

 Antoine Maurel avait probablement déjà quitté le pays quand la Révolution Française éclata. Sa ville natale, considérée comme "la plus éloignée du Royaume, aux frontières de la France, avait pourtant bien accueilli ce bouleversement, mais les souffrances subies sous l'ancien régime du fait de son éloignement, ne cessèrent pas pour autant sous la révolution. Les Bourbons y furent accueillis avec ferveur « qui tenait plus à la paix rétablie, qu'à un monarchisme auquel les Vençois crurent peu ». L'année terrible (1793) et la terreur virent l'élection d'un maire, Jacques Emmanuel Maurel, apothicaire [7] , cousin germain d'Antoine Maurel. Son fils Marcellin lui succèdera en 1848. Deux avenues de Vence portent encore de nos jours le nom de ces deux personnages emblématiques de la cité.

  Nous retrouvons donc Antoine Maurel le 02 février 1797 au Port Louis, Ile Maurice. Il signe un acte d’achat du brick de 150 tonneaux pour le compte de « l’Iman de Mascate » [8] le dit acte stipule qu’Antoine est domicilié à Mascate. Le fait qu’il ait été chargé par l’Iman de Mascate d’acheter ce navire, montre qu’il était déjà un personnage connu et respectable à Mascate.

En 1797 il est aux Seychelles, où il fait connaissance de Marie Hélène Savy. Une correspondance épistolaire a récemment fait l’objet d’un ouvrage [9] dans lequel nous découvrons qu’Antoine faisait effectivement commerce entre Mascate, les Seychelles et l’Ile de France.

 Le 27 juin 1798, il épousa Marie Hélène Savy. L’acte de mariage mentionne sa profession de subrécargue à bord du navire le Cabras du port de 300 tonneaux.

Le subrécargue, à bord de navires, était l' "homme en plus". Il était le garant et le responsable de la marchandise pour le compte des chargeurs, qui voyaient en cet homme, celui qui défendait leurs intérêts lors du débarquement ou de l'embarquement du fret dans les ports de relâche. Cette profession traditionnelle sera d'ailleurs maintenue jusque dans les années 1960. Elle sera remplacée par des organismes d'expertises internationales, dont le Lloyd’s ou la S.G.S (Société Générale de Surveillance).

Déclaration d’arrivée du Cabras au Port Louis de l’Isle de France le 17 Thermidor de l’an VI de la république (le samedi 04 août 1798) [10]

« L’An six de la république et le 17 thermidor [11], après midi est comparu au Bureau Municipal, le Sieur Antoine Maurel capitaine du navire Le cabras, du port de 300 tonneaux, mouillé hier en cette rade sous pavillon arabe, que la cargaison consiste en cent dix milliers [12] de bled [13] , qu’il a pour passager le Citoyen Moreau, son épouse et deux enfants, les Citoyens Arronaire, Bradadin, indien et sept arabe de Mascate, qu’il est parti de Mascate le 24 Xbre [14] qu’il a relâché aux Seychelles le 6 avril et qu’il en est reparti le 3 juillet, qu’il n’a plus rien à déclarer et a signé »

Le citoyen-scribe du bureau des arrivées ne possédait sûrement pas de tables de reconversion du calendrier Grégorien, qualifié de "Vieux Style", et ne pouvait, de ce fait, traduire celles avancées par Antoine, lequel ne possédait pas non plus une table d'équivalence entre l' "ancien style" et le nouveau calendrier républicain, mais notre capitaine s'en souciait-il vraiment?

Il faut dire qu'à cette époque une certaine animosité était ressentie par les français de l' "ancien régime" envers ceux de la république. Probablement que Antoine ne fit aucun effort pour venir en aide à ce citoyen.

Antoine était-il vraiment capitaine au long cours? Aucun document ne confirme cette qualité hormis, la correspondance échangée avec Marie Hélène Savy, et la déclaration d’arrivée du Cabras au Port Louis. A cette époque, en effet, la qualité de capitaine au long cours n'était pas réellement requise pour commander un navire de commerce, naviguant au grand cabotage. Un bon marin suffisait parfois. Il eut même le cas de "capitaines" « semi-illettrés » ! [15]

 Il faut également retenir de cette déclaration d'arrivée, la présence à bord du Cabras, de la famille Moreau. Il s'agit vraisemblablement de Jacques Moreau, de son épouse Marie Elisabeth, née Crosnier, et de leurs deux premiers enfants, Jacques et Coralie. La famille Moreau quittait les Seychelles pour s'installer à La Réunion. Il ressort d'ailleurs dans les études de Camille Ricquebourg, sur les familles Réunionnaises, que les Moreau s'établirent dans cette île en 1798. Ils ne restèrent donc pas longtemps à l'Ile Maurice. Nous aurons l'occasion de revenir plus tard sur Jacques, le fils Moreau, et du drame de l'incendie de la goélette "Les Six Soeurs", commandée par Raymond Hodoul, Fils du Corsaire et gendre de Antoine Maurel, navire sur lequel Jacques Moreau-fils était l'officier en second. [16]

Les pérégrinations d’Antoine, selon la déclaration d’arrivée du Cabras faite par Antoine au Port Louis, son acte de mariage et ses échanges épistolaires avec Hélène Savy [17]  peut chronologiquement être ainsi établi:

11 avril 1797 Mahé, 24.04.1797 Praslin, 10 septembre 1797 Mascate, 24 décembre 1797 départ de Mascate, 6 avril 1798 relâche à Mahé,  5 mai 1798 escale aux Sœurs [18], 27 juin 1798 mariage à Mahé, 3 juillet 1798 départ de Mahé, 26 septembre 1798 arrivée au Port Louis. [19]

 

Nous ne savons pas si le Cabras était un navire de construction arabe, c'est à dire ressemblant à un Felouque, avec des voiles arabes caractéristiques, ou était-ce un navire de type européen battant seulement pavillon arabe, subterfuge utilisé, entre autres,  pour forcer le blocus des anglais dans les îles de l'Océan Indien. L'état major de ce navire était européen, ce qui nous fait pencher vers la deuxième suggestion, d'autant plus que les navires Seychellois, ou reconnus comme tels, n'étaient autorisés à faire commerce entres les îles de l'Océan Indien qu'à la condition expresse de se munir d'un pavillon sur lequel il était marqué "Seychelles Capitulation".

Il faut également se souvenir que les Seychelles, quoiqu’ayant «officiellement» capitulé en 1794, n'étaient pas occupées  par les troupes Britanniques, et n'étaient que très rarement visitées par ces dernières. Les Seychellois redoutables diplomates à l'instar de De Quincy, hissaient tour à tour le drapeau Français ou Britannique, selon la nationalité des vaisseaux visiteurs. Ce fut certainement la raison pour laquelle, cet archipel connut le statut d'une neutralité opportuniste, mais très profitable aux Corsaires Français qui y faisaient escale pour embarquer des rafraîchissements et des hommes avant d'aller saccager le commerce anglais dans tout l'océan Indien, et dans les eaux mêmes des Indes en particulier. L'un de ces corsaires, notre ancêtre Jean François Hodoul, prit une part très active dans les guerres de courses. Nous laisserons le soin à Shaun et Patricia Mitchell ne nous en parler avec plus de détail, dans le chapitre consacré aux Hodoul.

 

Donc le 19 juin 1798 Antoine Maurel, durant l'escale du Cabras à Mahé, prit pour épouse Demoiselle Marie Hélène Savy âgée de 22 ans, native de l'Ile Bourbon (La Réunion) où elle est née le 27 juin 1776 à St Pierre, au quartier de la Rivière D'Abord [20].

Marie Hélène Savy était la fille de François Savy [21] et de Dorothée Eteve.

 

TRANSCRIPTION de

l'ACTE DE MARIAGE de Antoine MAUREL et Marie Hélène SAVY

 

"L'an Mil sept cent quatre vingt dix huit, le dix neuf juin (vieux style) (sic), correspondant au premier Messidor de l'An sixième de la Ré­publique Française, par devant nous Dulcine Péan, faisant fonction d'agent municipal des Isles Seychelles par l'empêchement du Citoyen François Savy. Sont comparus d'une part le Ci­toyen Antoine Maurel, domicilié à l' Isle de France, négociant et subrécargue du vaisseaux arabe le Cabras actuellement mouillé en cette rade, le dit Citoyen Morel (sic) âgé de trente cinq ans, né à Vence département du Var district de Grasse; fils de feu Jacques Maurel Ménager et de Marie Catherine Sue son épouse et de l'autrepart Marie Hélène Savy habitante et domiciliée aux Iles Seychelles assistée du Citoyen Sauveur Thomas Audibert, son tuteur et beau frère et par lui autorisée, âgée d'environ vingt ans, née au quartier St Pierre d'Abord, Isle de la Réunion, fille de feu François Savy, ancien Officier des vaisseaux du Roy, et de feue Dorothée Eteve habitants les Iles Seychelles lesquels en la présence des Citoyens Jean Conan, ancien Chirurgien Major, habitant les Iles Seychelles, de Louis Mondon habitant, de Vital Durocher, Capitaine des vaisseaux du commerce et du navire Arabe le Nalsze, actuellement mouillé en rade, tous témoins soussigné et a ce appelés (sic) et aussi en la présence des Citoyens François Savy et Charles Savy tous deux frères de la dite Citoyenne Marie Hélène Savy. Lesquels Citoyens Antoine Morel (sic) et Marie Hélène Savy, s'obligent et promettent de se prendre sous la loi, foi, et en légitime mariage, le jurent et en font le serment entre nos mains à d'atter (sic) de ce moment ils s'obligent en outre de se conformer aux lois civiles qui ont lieu aux Isles de France et de la Réunion lorsque le cas l'exigera, les parties présentes et contractantes déclarent encore avoir rempli les formalités nécessaires et ont signé avec nous et en notre présence ainsi que les témoins, parents et amis, fait et passé en la maison du Citoyen Audibert, à l'Isle Seychelles (sic) le jour et an que ci-dessus..." [22]

  Il est intéressant d'observer que ce mariage, comme certainement beaucoup d'autres, furent célébrés, "chez l’habitant", la très jeune colonie ne possédant pas encore d’Hôtel de Ville. De plus, ce document nous révèle qu’Antoine était domicilié à l'Ile de France et avait la profession de négociant.  

Le deuxième mariage civil et le mariage religieux, allaient régulariser « la situation » [23]

L'époque 1797/1800 étant une période durant laquelle les corsaires français furent nombreux à s'illustrer, et si l'on considère l'ardeur et l'enthousiasme avec lesquels les corsaires furent armés, on peut caresser l'idée qu’Antoine aurait très bien pu faire partie de l'équipage de l'un d'eux. En effet  Auguste Toussaint dans son ouvrage "Port Louis, Deux siècles d'histoire", décrit l'effervescence générale et joyeuse, parmi les marins, artisans, agriculteurs, et autres aventuriers qui voulaient participer "à la fête". Malheureusement des documents manquent et ne nous permettent pas aujourd'hui, par leur carence, d'avoir la possibilité d'être plus affirmatifs. Soient que ces documents aient été détruits par l'Administration coloniale Britannique en 1861 et 1880 [24], soient qu'ils sont encore de nos jours conservés jalousement par des familles Seychelloises ou Mauriciennes, qui les détiennent certes légitimement, mais cela même au détriment de chercheurs ou d'historiens.

Antoine et Marie Hélène eurent 4 enfants, dont l'aîné Marie François Antoine qui naquit à Mahé, Seychelles le 12 juin 1802 [25], soit presque quatre ans après leur mariage. Si l'on considère la rapidité et la ponctualité avec laquelle les jeunes couples de l'époque avaient leurs enfants, nous doutons fort qu'Antoine attendit plus de trois ans avant de se décider à fonder une famille. Ce point nous conforte quelque peu dans nos suppositions: Antoine se trouva longtemps absent des Seychelles. Se trouva-t-il à bord d'un de ces corsaires Français et retenu ainsi, pendant si longtemps, hors le lit conjugal, tout comme Jean François Hodoul ?

Leur deuxième enfant fut une fille nommée Emmée Dorothée, née à Mahé le 30 Novembre 1803 [26].

Le troisième fut Edouard Sauveur Célestin, né à Mahé le 6 avril 1805 [27].

Le quatrième et dernier enfant fut Jacques Marie Gustave, né à Mahé,  le 6 Avril 1807 [28], qui mourut jeune à l'âge de 9 ans le 2 Décembre 1816 à Mahé [29].

Marie Hélène Savy, l'épouse d’Antoine s'éteignit quelques semaines après la naissance de Jacques Marie Gustave le 15 Mai 1807, dans sa 31 ème année [30]

Transcription de son acte de décès: "Marie Hélène Savy, épouse d'Antoine Maurel, habitant Mahé, Anse La Retraite, décédée le 16 mai 1807, sur l'habitation du Sieur Audibert, son Beau- Frère,  âgée de 30 ans, née à St Pierre, Ile Bonaparte. Fille de François Savy, officier de milice, et de Dorothée Esteve, Habitant l'île Bonaparte. Déclaration faite par Sauveur Thomas Audibet, son beau-frère et Joseph Lablade, allié, Directeur en chef de la Cie Royale d'Afrique"
Elle repose en paix dans le vieux cimetière de Bel Air à Victoria, la Capitale de Mahé et des Seychelles [31].

Le recensement de 1807 indique que l’habitation principale d’Antoine compote :  
1 femme (Marie Hélène Savy) ; 2 garçons (Marie François Antoine et Edouard Sauveur Célestin ; 1 fille (Emmée Dorothée)
43 esclaves hommes ; 23 esclaves femmes  
46 arpents cultures vivrières ; 75 arpents coton ; 80 arpents de forêts ; 9 bœufs ; 10 moutons ; 18 cochons ; 130 volailles

Antoine devient au fil du temps propriétaire de terrains et concessions [32] et [33]:

Le 5 Octobre 1815, Antoine fait l’acquisition de André NAGEON DE l’ETANG de deux parcelles de terrain à Victoria

Le 9 juillet 1817, Il reçoit une concession de 425 arpents sise à Anse La Mouche

Le 30 décembre 1817, il fait l’acquisition de Georges MATHIOT de 2 parcelles à Victoria, Mahé

Le 22 janvier 1819, il achète au Capitaine Edward Henry MADGE, de deux morceaux de terrain à Praslin, l’un à Baie Sainte Anne et l’autre à l’Anse Lambert

Le 6 Juillet 1821, il a acquis de Mme Hermelinthe Marie GRUCHET, d’une parcelle de terrain, n ° 18 à Victoria

Le 15 avril 1822, il fait l’acquisition de Hemelinthe Marie GRUCHET d’une parcelle de terrain de 29 toises² situé à Mahé.

Les deux lieux-dits Saint Antoine lui auraient  été dédiés. Antoine donna son nom au café Moka, qui se nomme encore « Café Maurel » aux Seychelles [34]

 

Antoine Maurel resta veuf six ans, avant d'épouser en secondes noces le 10 Juin 1813 à Mahé, Dame Henriette Thébault, jeune veuve de 27 ans de Pierre Antoine Simon Petit, ancien capitaine de vaisseaux de commerce, établi à Praslin, Seychel­les, née en 1786 à St Louis, Ile Bourbon, et fille de Sieur Pierre Thébault, habitant l'île Bourbon et de feue Cantide Nativel [35].  

TRANSCRIPTION DE L'ACTE DE MARIAGE de Antoine MAUREL

et de Henriette THEBAULT:  

"Commissariat Civil de Mahé, Iles Seychelles. 
   
       Du dixième jour du mois de juin de l'an
Mil huit cent treize.

Acte de mariage du Sieur Antoine Maurel, Chirurgien et habitant domicilié de cette île, né à Vance
(sic) département du Var, âgé de cinquante ans, fils légitime de feu Jacques Maurel, Ménager, et de feue Marie Catherine Sue, ses père et mère, le dit Sieur Antoine Maurel, veuf en première noce de Hélène Savy, et Dame Henriette Thébault, née à Bourbon, quartier St Louis, âgée de vingt sept ans, fille majeure et légitime du Sieur Pierre Thébault habitant de l' Ile Bourbon, et de feue Cantide Nativel, ses père et mère. Ladite Dame Henriette Thébault, veuve en première noce de Pierre Antoine Simon Petit, Capitaine des vaisseaux du commerce, et habitant de l'Île Praslin.
Les actes préliminaires sont extrait des registres des publications de mariage faite en la dite île de Mahé, au lieu dit "l'Etablissement" et affiché pour première et dernière publication d'après la dispense d'une affiche donnée par Monsieur Lesage, Commandant et Agent Civil du Gouvernement en ses (sic) îles, le six juin mil huit cent treize, contre laquelle il ne c'est (sic) présenté aucune opposition..."   Etaient témoins à ce mariage, Jean François Hodoul, l'Ancien Corsaire, Charles Dorothée Savy, Frère de la première femme de Antoine Maurel, feue Marie Catherine Savy, et le Sieur Poupinel.  

Dans un document que nous remirent les Archives des Seychelles, il ressort la carence d'installations sanitaires, et même l'absence de médecin dans cet archipel jusqu'en 1838. Il est terrifiant de penser à la crainte de l'accident ou de la maladie qui était toujours présente parmi la population, car il se passait de longs moments sans la présence d'un médecin dans la colonie.

 Ce document dit cependant que " ...une occasion, combla heureusement ce vide. Le chirurgien d'un navire de guerre Français coulé près de Ste Anne par les anglais en 1801, le Docteur L. Poupinel, gagna la berge à la nage. Là il rencontra, courtisa et épousa Mademoiselle Nageon de L'Estang, fille d'un des premiers colons, et pendant un moment, resta à subvenir aux besoins sanitaires de la colonie. Mais une lettre de 1838 ne faisant pas référence à ce chaleureux personnage, qui n'attendait aucun passage de navire de guerre transportant un médecin, cite "quoiqu'il y avait beau­coup d'accidents et de maladies parmi la population et toujours pas de docteur dans le port".[36]

Or, Antoine Maurel et L. Poupinel étaient Chirurgiens et habitants de Mahé, l'île principale de l'archipel. Ne faut-il pas voir ici le désir de ces personnages de professer avec les faibles moyens dont ils disposaient sur place, tout en restant dans un anonymat relatif, et une quiétude qu'ils avaient sciemment voulue?  

Le nom de Monsieur Lesage ressort plusieurs fois dans différents documents. Hormis celui que nous venons de découvrir, nous le rencontrons en novembre 1781, Commandant sur le Navire Transport de Troupe "le Maurepas" faisant partie de l'Escadre de l'Amiral Suffren lors de ses batailles navales contre la Flotte de la Royal Navy de l'Amiral Hugues. Beaucoup plus tard, en Août 1819, il sera passager de la goélette "Les Six Soeurs", qui brûla et sombra en plein Océan Indien [37]. Jacques Lesage prendra une part heureuse et active dans le sauvetage de plusieurs passagers et membres d'équipage, dont le très jeune commandant de ce navire, Raymond Hodoul, le fils aîné du Corsaire et futur gendre d’Antoine Maurel.  

Antoine Maurel  et Henriette Thébault eurent Henriette Françoise qui naquit à Mahé le 2 juin 1815.

Henriette Françoise grandit aux Seychelles et épousa à dix sept ans, le 28 juin 1832 le jeune Jean François Hodoul, le fils du Corsaire. Il est certain que les Maurel et les Hodoul se fréquentaient, car le Corsaire était pré­sent au second mariage de Antoine. Plus tard, il y eut de nombreux mariages alliant ces deux familles, et l'on peut affirmer aujourd'hui que la presque totalité des Maurel habitants soit l'Ile Maurice, soit les Seychelles ou ailleurs, sont les descendants de Antoine Maurel, le Chirurgien et de Jean François Hodoul, le Corsaire.  

Le Recensement des Seychelles de 1817 indique [38]  

Arrivé en 1798. L’habitation d’Antoine comporte : 1 femme ; 7 enfants: François (16ans), Dorothée (14 ans), Édouard (13 ans), Vital (? ans illisible), Henriette (8 ans), Cécile (7 ans) et Franchette (3 ans).  
170 esclaves  

30 arpents de maïs ; 60 arpents de manioc ; 10 arpents de cultures diverses ; 67 arpents de coton ; 108 arpents en savane ; 50 en bois debout (425 arpents au total)  

Le 30 Octobre 1821, Henriette Maurel, la seconde épouse de Antoine Maurel fit l'acquisition d'une concession de 253 Arpents [39] située sur Praslin, l'une des Seychelles, mais il semble que Antoine et Henriette continuèrent de résider à Mahé. C'est d'ailleurs sur cette île qu'ils finirent tous deux leurs jours.  

Antoine s'éteignit à Mahé le 9 janvier l'an de grâce 1830, à la Maison de l' "Etablissement". Le déclarant est François Savy, Frère de Marie Hélène Savy, sa première épouse. Antoine Maurel repose en paix, dans le vieux cimetière de Bel Air, non loin de la tombe de Jean François Hodoul, l’ancien Capitaine de Corsaire. Sa tombe porte le numéro 44 [40] .

Henriette Thébault, sa seconde épouse mourut à Mahé d'hydropisie, le premier février 1851. C’est son gendre, Jean François Hodoul, le fils du Corsaire qui en fit la déclaration auprès des autorités  [41].

  Il est intéressant de constater qu'en 1830, la Ville de Victoria, actuelle Capitale de Mahé portait encore l'ancien nom de: "L'Etablissement", et qu'un Commandant et Commissaire Civil Français (l'était-il vraiment encore?), officiait dans ces îles, malgré le fait que les Seychelles étaient alors officiellement devenues Britanniques depuis 1810.

 

 Pour m'écrire:  



[1] Sources : Archives Municipales de Vence et Départementales

[2] Sources : Archives des Seychelles

[3] Source Archives des Seychelles

[4] Source et cliché Madame Heulwen Pool, Mahé, Seychelles

[5] http://vence.fr/vence-ville-medievale-du-12e

[6] http://vence.fr/vence-ville-medievale-du-12e

[7] Pharmacien

[8] Archives Nationales d'Outre Mer (ANOM) à Aix en Provence, France 

[9] « Maurel » Une histoire d’amour épistolaire, Jean François Guimbeau ISBN 978-99949-0-057-2 J&S Printing, Ile Maurice

[10] Archives le l’Ile Maurice w1.gov.mu/NationalArchivesServices/index.do

[11] Le samedi 4 août 1798

[12] 1 millier = 489,506 kgs soit 53.tonnes et 846 kgs

[13] Blé

[14] 24 décembre (1797)

[15] Auguste Toussaint, "La Route des Iles" note 2 en bas de page 30.

[16] Voir Chapitre dédié à Raymond Hodoul

[17] « Maurel » Une histoire d’amour épistolaire, Jean François Guimbeau ISBN 978-99949-0-057-2 J&S Printing, Ile Maurice

[18] Les îles Sœurs, (du moins ce qui semble être écrit page 17 de l’ouvrage de François Guimbeau) formant partie de l’Archipel des Seychelles

[19] Le Cabras ne fit qu’une escale à Maurice. Pas plus, Antoine ne figure ensuite dans les relevés d’arrivée des navires au Port Louis.

[20] Archives Nationales d'Outre Mer (ANOM) à Aix en Provence, France

[21] Voir Chapitre dédié à François Savy

[22] Archives des Seychelles

[23] Archives des Seychelles

[24] http://henri.maurel.pagesperso-orange.fr/armau4.htm

[25] Archives des Seychelles

[26] Archives des Seychelles

[27] Archives des Seychelles

[28] Archives des Seychelles

[29] Archives des Seychelles

[30] Archives des Seychelles

[31] Cliché de Julien Durup

[32] Julien Durup op cit The Seychelles Islands and first land owners 1786-1833 (14.10.2013) avec son accord

[33] Voir quelques plans terriers, Archives des Seychelles, Photocopies de Julien Durup, cliché d’Henri Maurel

[34] Julien Durup op cit The Seychelles Islands and first land owners 1786-1833 (14.10.2013) avec son accord

[35] Archives des Seychelles

[36] Document d’un auteur inconnu, sources Archives des Seychelles

[37] Voir Chapitre dédié au drame du Six Soeurs

[38] Sources Archives des Seychelles, photocopie de Julien Durup (Cliché de Henri Maurel)

[39] Repère LC 24/188 (Source Archives de l’Ile Maurice)

[40] Le numéro de sa tombe fut relevé par Shaun et Patricia Mitchell au Cimetière de Bel Air, Mahé, Seychelles.

[41] Sources Archives des Seychelles

 

© Henri Philippe Louis Maurel Juillet 2014