Léchelle Louis |
En 1784, le navire l'Insulaire
arriva au Port Louis. Parmi les passagers se trouve Louis Léchelle, né le 17 mai 1758 à
Montréal, Québec, fils de Jean Baptiste, négociant au Québec, originaire de la
Charente, et de Decouane Marie Ange, née au Québec. Jeune mais talentueux, il eut une
carrière politique et commerciale prodigieuse. Il fut tour à tour négoçiant et
armateur de Corsaire, mais il est aussi connu pour ses occupations politiques. Dès 1784,
le 27 avril, il prète serment comme Commissaire vérificateur des dépenses de
l'Assemblée Générale, et, à ce titre, il fit rembourser le 19 novembre 1874 par la
Commune Générale, les frais d'impression payés du fond des dons patriotiques [1]. Il
fait partie du beau monde de la colonie et fréquente des personnages importants de la
société. Il sera témoin privilégié au mariage du Gouverneur François Louis Magallon
le 5 mars 1797 avec Joséphine Merven, au côté du Général Malartic et d'autres
personnalités.[2] Veuf de Françoise Athanase Chenard de la Giraudais, née en 1771 à St Malo, qu'il avait épousé le 22 janvier 1788 au Port Louis, il convola en juste noces le 27 mai 1793 aux Pamplemousses, avec une autre jeune fille originaire de St Malo, Laurence Blanchard, née le 10 octobre 1769, fille de Louis François Blanchard, Capitaine de Marine également né à St malo et décédé au Port Louis le 1er août 1797, et de Marguerite Gaudron. Quelques jours après son mariage, le 17 juin 1793, il écrivit une lettre au Citoyen Duverger, Ordonnateur de l'Isle Bourbon, qui la reçoit le 3 juillet suivant. [3] Citoyen, Armateur du corsaire le Léger qui partira de cette isle vers la fin du courant, et recherchant à compléter à Bourbon la levée des volontaires nécessaires à l'entier armement de ce bâtiment, je fais partir à cet effet le cit. Célestin Mahé, l'un d'eux Je prends la liberté, Citoyen, de vous prier de favoriser cette opération de tout ce qui pourra dépendre de vous; le porteur de la présente vous en remettra une du Citoyen Dupuy, sous les auspices duquel cette prière vous est faite; Je ne pourrai vous en témoigner toute ma reconnaissance qu'en vous offrant mes services en cette colonie; Je désire qu'ils puissent vous y être agréables, et qu'ils deviennent un moyen pour moi de vous renouveler l'assurance de mon sincère dévouement. C'était un des moyens de compléter l'équipage des navires corsaires. Les volontaires étaient nombreux pour l'aventure lucrative, mais aléatoire de guerres de courses. Le Léger, capitaine Dufay, du port de 300 tonneaux, 20 canons et 120 hommes d'équipage quitta donc l'Isle de France pour Bourbon afin d'embarquer les volontaires. D'après l'état des corsaires armés à l'Isle de France entre le 8 juin 1793 et le 11 décembre 1798, Le Léger, sous Dufay, accomplit sa mission avec deux autres corsaires, le Lévrier armé par Louis Léchelle et le Général Dumourier armé par la Maison Bouchet et Cie. Les deux premiers retournèrent au Port Louis les 15 et 20 septembres 1794, le troisième le 28 octobre suivant. Les trois compères firent trois prises anglaises attribuées au léger dont le produit des prises fut évalué à 2.886.594 livres.[4] Une autre croisière du Léger eut lieu par la suite sous le commandement du Capitaine Allegre, originaire de Toulon. Il semble toutefois qu'une confusion existe entre ces deux croisières puisqu'un document des archives de la réunion, daté du 13 octobre 1793, affirme que le navire, sous Allegre est toujours mouillé sur rade, probablement à St Denis, à l'Ile de la Réunion.[5] D'ailleurs l'état des corsaires, dont nous faisions allusion, mentionne deux départ du Léger, le premier sous Dufay le 5 juillet 1793, l'autre à une date indéterminée sous le commandement de Allegre. L'arrivée au Port Louis de ce navire le 30 mai 1794, capitaine Allegre et le 15 septembre 1794 sous Dufay semble indiquer que les deux hommes étaient tous deux capitaines du même navire. Les croisières successives du Léger furent lucratives. On attribue 3 prises à Dufay, et 5 prises à Allegre dont 3 vaisseaux anglais, 1 Portugais et un Danois qui fut cependant jugé de mauvaise prise. Louis Léchelle, non seulement armait des corsaires, mais prenait une part active aux séances des Chambres des Audiences du Tribunal de Commerce de Terre & de Mer de l'Isle de France, tenant lieu de Chambres des prises, dont il était juge titulaire. [6] Louis Léchelle est Laurence eurent plusieurs enfants dont Anne Aglaë, née le 29 août 1785 dans la colonie, et qui épousera François Philippe Couve de Murville, le fils d'un autre personnage éminent de la Société de l'Isle de France: Jean Baptiste Couve de Murville Louis Léchelle mourut aux Pamplemousses le 17 avril 1834 aimé et respecté de tous. Son fils Louis Marie Jean Baptiste suivit la trace laissé par son père: il devint le premier Maire du Port Louis. Sources: [1] D'Unienville, Histoire politique de l'Isle de France Page 169 [2] Dito, Page 83 [3] Archives Départementale de La Réunion Liasse L 408. [4] Archives de Maurice Vol M580 Pièce 243. [5] Liasse 408 Archives départementales de La Réunion. Un des documents contenus dans cette liasse fait mention de plusieurs "enfants trouvés" à bord dont plusieurs provençaux, ce qui indique que les marins originaires du Sud de la France participèrent activement aux activités maritimes de la région. [6] Archives de l'Ile Maurice, Sentence de prise du 17.03.1797 du Hay par le corsaire "Entreprise" à bord duquel se trouvait Jean François Hodoul. - Louis Léchelle, L. Rivaltz Quenette. O.B.E. - Alain Soucy, Société des Iles Perçées, Montréal - Marie Gallais, St Malo (35) |
© Henri Maurel