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Conan Jeanne

Jeanne Conan est née le 5 mars 1711 à Lorient, fille de Jean et de Marie Rose Bray.

Arrivée en Isle de France le 1er Août 1728, sur le Bourbon, Jeanne Conan est une des premières femme de lîle. Elle convola en justes noces quelques jours après son arrivée, le 19 Août. Son époux, Jean Genu dit la Seine,né à Rouen, Paroisse de St Maclou, vers 1705, de François et de Marie Busnel, était soldat et se trouvait dans l'île depuis 1722, donc dans les premiers mois qui suivirent la prise de possession de cette petite colonie.

Le 13 décembre 1728, ils prirent possession d'un modeste terrain de "500 pas géométriques" à Moka, "derrière les montagnes du Port Nord-Ouest....à commencer au pied d'une haute montagne" et "vis-à-vis de Floch et de Desveaux". Six mois plus tard, le 7 mai 1729, ils obtenaient une autre concession au Port Louis, "située près du camp" d'une superficie de 80 pieds², un mouchoir de poche!

Jeanne donna à Jean 11 enfants. Les débuts de la jeune colonie furent épouvantables: Climat malsain, épidémies, cyclones, invasion de rats. La mortalité enfantile était très élevée. Seuls 4 enfants de Jeanne Conan et Jean Genu atteignirent l'âge adulte: un garçon et trois filles qui se marièrent dans l'île et assurèrent la postérité.

Jean Genu mourut le 25 septembre 1748, au Port Louis, dans sa quarante troisième année.

Veuve, Jeanne obtint d'autres petites parcelles de terres, le 22 août 1754. L'une de 500 pas géométriques à Moka, l'autre de 13 toises 2 pieds par 26 toises 4 pieds au Port Louis. Le 25 février 1757 elle acquit au nom de veuve Genu et ses héritiers, une parcelle de 13 toises et 2 pieds² située au Port Louis.

Jeanne mourut le 8 mai 1762 au Port Louis, à 51 ans. Sa vie dû être bien remplie mais constellée d'embûches. Mais je laisse à Marcelle Lagesse le soin de décrire ce qui fut certainement la vie de Jeanne Conan et les premières femmes de l'Isle de France:

" Entreprendre, conquérir, dominer.  Trois mots qui, pour les hommes, ne s'imposèrent qu'avec La Bourdonnais.  Mais en attendant, les femmes, à l'écart, embastillées dans la rigueur, se contentaient de dire à l'homme qui soulevait, un pan de la tente:«Sois tranquille, je suis là».  Elles furent là, sous la tente, dans des cases au toit de feuilles, chacune à leur façon, silhouettes qui jetaient leurs ombres sur une île faite pour la légende, mais où le drame et la dure réalité se côtoyaient.

Telle fut Jeanne Conan, parmi quelques-unes des femmes qui participèrent à la colonisation de l'île de France, qui subirent mille privations, bivouaquèrent dans les bois, furent des mortes en sursis à chaque enfantement et s'obstinèrent durant ces treize années qui furent l'enfer de l'île de France.  L'île de France... une terre, le ciel, la mer. 

Une terre volcanique, riche en fer, coupée de cours d'eau qui gonflaient quand la pluie tombait sans arrêt durant plusieurs jours... Une terre qui se défendait farouchement contre l'envahisseur.  Un ciel qui parfois se fermait, se perdait derrière des nuages amoncelés, ramassés, prêts à se défendre contre une tempête qui se creusait à l'horizon...

La mer où apparaissait la voile larguée à Lorient, à l'île de Groix.  Voile qui accourait, chargée de tous les espoirs, voile que le regard saisissait une seconde, perdait, retrouvait entre les crêtes des lames tumultueuses.  Des hommes qui venaient de France, de l'île Bourbon, chargés de mystère, les lèvres serrées sur des secrets qui n'étaient pour personne... A bord, il se trouvait parfois quelques belles filles...

Et parce qu'elles furent là, dès les premières heures, il convient, après deux siècles et demi, de reconnaître qu'elles furent aussi indispensables que les quatre éléments: la terre, l'air, l'eau et le feu. 

Elles furent là, comme un symbole, nous nous plaisons à évoquer leur image, debout au seuil d'une tente et tenant la main d'un enfant.


Source:

- L'Isle   de France avant Labourdonnais, Marcelle Lagesse

- .Lionère RENDA, Lorient

- Archives de l'Ile Maurice

- Les Défricheurs de l'Isle de France, Octave Béchet

© Henri Maurel